Picha Kubwa veut dire the Big Picture, la grande photo ou affiche mais aussi “la vue d’ensemble“. C’est un programme de formation, de production et diffusion en storytelling mise en place par MNKF CREATIVES LLC en coopération avec Mlimani Éditions et Go Innovation ASBL, dans le but d’améliorer la qualité de l’art narratif au Congo.
Les villes se définissent par leurs histoires, passées et présentes, chacune tissée de caractères, de liens et d’intrigues superposées, qui partagent un même décor. Goma, de part son histoire récente et continuelle transformation est le produit du collectif imaginaire. Goma existe parce que Goma est pensée, parce que les Gomatraciens partagent une histoire commune marquée par des moments forts, parce qu’ils passent par les mêmes lieux qu’ils ont, pour la plupart, vu naître. L’histoire de la ville est celle de ses migrations successives, des éruptions, des combats que ses habitants y ont menés: pour de l’eau, pour de l'électricité, pour repousser les rebelles. Dans ce contexte, Goma, zone d'échange pour les personnes venant de tout le Nord-Kivu, s'est affirmée comme le centre des développements artistiques de la région, souvent dans le but d'utiliser l'art pour travailler sur le passé traumatique. Cette mythologie, propre à la capitale du Nord Kivu, est palpable et pourtant invisible. C’est pourquoi les journalistes, chercheurs, photographes, artistes et autres greaux s’efforcent à raconter ce qui se produit ici. Goma est une ville culturelle, créative et dynamique, marquée par un contexte social, politique et sécuritaire complexe. D’importants débats sociaux animent la ville, nombre d’événements s’y produisent mais la communication sur ceux-ci n’est pas toujours à la hauteur.
A Goma, il n’y a pas de manque de contenu médiatique, mais ce qui est disponible n’est souvent pas le résultat d’un travail fouillé ou bien placé sur la toile. Le rapportage se limite le plus souvent à l'énoncé de faits (Quand Qui Quoi Où) et ne traite que très rarement des questions de contexte, de dynamiques plus générales (par exemples de courants artistiques ou culturels dans lesquels un événement s’inscrit, des motivations et défis qui animent la personne ou le projet). Ceci entrave la portée du corps de contenu médiatique qui ne constitue pas, en sa forme actuelle, un objet d'intérêt propre, ne suscite pas un engagement significatif de la part du public et manque à sa mission d’archivage de l’histoire de la ville. Dans le monde digitalisé et celui des réseaux sociaux, l’information circule massivement et avec une rapidité exponentielle. Des analyses de qualité, creusant le fond produites sur place sont primordiales aussi, pour lutter contre la désinformation et les lectures superficielles du contexte. En 2022, année qui précède les élections en RDC, cet enjeu de s'équiper contre les infox et la manipulation des narratifs s’accentue.
OBJECTIF : CONTRIBUER A LA CREATION DE LA MÉMOIRE DE LA VILLE EN S’APPUYANT SUR LES QUALITÉS DE L’ART NARRATIF (STORY- TELLING) URBAIN.
Le but principal du workshop Picha Mkubwa est avant tout de faire avancer les réalisations des participants en les outillant pour augmenter la portée de leur travail. A travers une attention sur le fond de l’histoire et les enjeux, le workshop vise aussi à faire avancer la qualité de l’art narratif urbain produit au Congo et l’archivage de l’histoire de la ville. Indirectement, cette formation vise aussi à influencer la culture du travail bien fait dans la ville: bien le préparer, le présenter pour faire en sorte qu’il marque l’audience.
En travaillant sur le storytelling, qui est une compétence clé de communication, ce workshop facilitera une certaine autonomie financière des apprenants et créera une main d’œuvre plus qualifiée en matière de storytelling.
PROCÉDURE :
La direction pédagogique du projet sera flexible, selon les formats et selon les audiences. Il serait par exemple envisageable de présenter une formation sur plusieurs semaines, ainsi qu’une version 'condensée’ en un ou deux jours. Un format adapté pourrait exister en ligne, et pour un public plus jeune (enfants, adolescents). Pour le pilote, une version complète, sous forme d’un workshop d’environ 8 semaines est envisagée. Il s’agit d’un workshop sur la narration qui passe en revue les principales étapes de la présentation d’un produit, un projet, un sujet, une histoire.
PARTICIPANTS :
Le workshop est l’intention de n’importe quelle personne qui utilise ou pourrait utiliser la narration dans son travail (journaliste, chargée de communication, photographe, vidéographe, écrivain, entrepreneur).
CONTENU:
Le workshop s’articule comme une combinaison de (1) sessions formelles, (2) de discussions et interventions externes, et (3) de séances de création et de production. A l’issue du projet, les meilleurs articles pourront faire sujet de documentation dans un magazine ou une publication Picha Kubwa.
1- Sessions Formelles:
Qu’est ce que le storytelling (1 session)
Les bases de l’histoire engageante (1 session)
2- Discussions:
• Interventions par des artistes, photographes, cinéastes, journalistes, écrivains ou
chercheurs accomplis pour présenter un travail existant et lui appliquer les fondamentaux de story telling (5 sessions - une par medium)
3- Séance de création:
Descente sur terrain pour un travail de création appliquée.
Ateliers de relecture et critique entre les participants (1 ou 2 sessions)