Egalement connu sous le nom d'Akonkwa Bujiriri, Osée Elektra, est un auteur, poète-slameur-, performeur et rappeur congolais, basé à Goma. En cinq ans de carrière, il est l’une de pépites de l’art de la parole en RDC.
Pour Osée Elektra, l'art est avant tout une façon de s'exprimer et de partager ses émotions. Il a commencé sa carrière artistique en tant que rappeur. Il a rapidement découvert le slam et en a fait son propre style, le « slam Elektrik ». Il mélange les influences musicales du rap et la poésie du slam, en ajoutant une touche personnelle qu’il appelle " électrique " dans ses performances.
Il est également activiste des droits humains et lutte pour la décolonisation du mental. Osée utilise sa musique et ses performances pour éveiller les consciences et promouvoir l'harmonie des accords dans une société conflictuelle. Selon lui, l'art ne se limite pas à l'expression personnelle.
« Il n’y a aucun art, actuellement pour moi vivant à Goma, qui ne soit pas attaché à une cause, même sans le vouloir », stipule-t-il dans une interview qu’il nous a accordé. « Quand il n’y a que ça qui revient tout le temps dans ma tête, je ne peux m’empêcher d’en parler. Je parle de ce qui m’entoure, de ce qui est vrai, des situations que je connais et que je peux défendre. »
Le slam pour rallumer l’espoir et éveiller les consciences
De Art Of Hope au Festival Nomade au Sénégal en passant par Marahaba Music Festival, Hadisi Urban Festival ou encore la première édition du Festival du Rap et du Slam de Bukavu, sa participation à ces rencontres nationaux et internationaux a également influencé son travail, en lui permettant de découvrir de nouveaux styles et se créer une palette artistique plus large.
« Sortir de mon cadre habituel, de Goma, du Congo, m’a souvent aidé à développer mon travail », a-t-il souligné avant de continuer : « aujourd’hui, je ne peux pas proposer la même chose quand j’ai écouté un malien, un sénégalais, un guinéen slamer. C’est difficile que je redevienne le même osée qu’avant pourtant il y a toutes ces influences qui se sont présentées à moi ».
Durant ses 5 ans de carrière, Osée a enregistré 9 chansons, au-delà de freestyles. Dans ces tubes, il rallume l’espoir et éveille les consciences. Dans son récent morceau « Nous », il a tenu à rappeler aux dirigeants et la population de son pays le rôle qu’ils doivent jouer dans la quête du développement.
A Saint-Louis, au Sénégal, avant sa prestation au Festival Nomade, il a demandé aux participants de se lever et de faire une minute de silence. Question de rendre hommage à plus de 10 millions de morts, en 3 décennies de conflits armés dans l’Est de la RDC. Il l’a fait « pour rappeler ce qui se passe chez nous ». « Il y a plusieurs centaines de personnes qui ont vu la vidéo, j’ai fait connaître ma ville et la situation qu’on y vit car, oui, il y a encore des gens qui ne connaissent pas Goma et ce que nous traversons au quotidien », a-t-il renchérit.
Tel des dizaines d’autres poètes et rappeurs de son entourage, Osée fait partie du collectif Goma Slam Session. Ce collectif initie les jeunes à l’art de la pensée. Il leur apprend l’art oratoire en abordant les sujets qui les concerne directement. Il organise aussi des soirées slam tous les mois et intervient dans plus de 10 écoles de Goma pour y dénicher les futurs talents et montrer aux élèves comment l’art oratoire est un moyen d’expression.
« Le collectif m’a construit, le collectif a fait de moi le Osée Elektra que vous connaissez actuellement. On y trouve des personnes aux côtés desquelles j’apprends tous les jours. Au-delà d’être un collectif, c’est aussi et surtout une école », a reconnu Osée.
Il s'inspire de Burna Boy pour les performances, Tiken Jah Fakoly pour l'engagement et l'incarnation des valeurs.
David Kasi