Bosembo, « Justice » en lingala, est le titre du nouveau clip de Ben Kamuntu une collaboration avec Ben Man. Ce nouveau Clip a été le fruit de la participation de plusieurs artistes, organisations et acteurs culturels. Il y a notamment l’artiste visuel Justin Kasereka à la réalisation; Nyiragongo Ngoma Production à la production et enfin Bienco Matrix et son équipe pour la chorégraphie.
LE RAPPORT MAPPING GÎT ICI.
Bosembo relate l’historique des violations commises au cours des nombreux conflits armés que connait la RDC dont certains sont repris dans le rapport Mapping de l’ONU. Il interpèlle l’impuissance et le silence de la justice face aux milliers des crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans ce pays. Il relate tout de même l’espoir de voir une Justice inébranlable et un Tribunal International de la Cour Pénale Internationale pour enfin permettre aux victimes de faire la paix et d’avancer sur son sentier de la paix.
Kisangani, Kasese, Kasika… Des mutilations, des viols, des tueries sont énumerés dans ce rapport, mais pas un seul nom d’un criminel. - Ben Kamuntu, Bosembo.
Dans une interview accordée à Human Right Watch l’artiste révèle que son nouveau slam est lié à sa propre vie, à son parcours, celui d’un jeune de la génération 1990. Pour Ben ce morceau est le fruit de sa frustration, de sa révolte, de toutes ces années de guerre que nous avons traversées et continuons à vivre au Kivu. Ben Kamuntu reste convaincu que la paix ne peut que passer par la justice, par la réconciliation, par la réparation des dommages causés et pour cela nous avons besoin d’une justice transitionnelle.
L’HUMAIN BEN KAMUNTU
Depuis son plus jeune âge, Ben nage entre le militantisme, les études et une carrière artistique. Il milite d’abord dans le mouvement scout et le club d’écoute pour enfants puis décide de rejoindre le mouvement citoyen congolais Lutte pour le changement, la LUCHA en 2013.
Ce nouveau cadre lui permet de transformer ses frustrations en énergie pour apporter sa pierre à la construction du Congo nouveau. Ce Congo rêvé par Lumumba dont il prend comme inspiration : Un Congo uni, paisible, libre et prospère.
A part sa passion, Ben travaille aussi comme thérapeute de personnes en situation de stress post-traumatique au sein d’une structure dénommée CAPACITAR dans la ville de Goma. Brillant étudiant, il est licencié dans le département de gestion des projets de développement.
Dans sa ville de Goma, Ben est surtout connu pour son talent artistique, avec ses slams et ses chansons engagés. Grâce à sa plume particulièrement consacrée à l’éveil des consciences sur les violations de droit, la justice, la paix. Fondateur du Collectif Goma Slam session, Ben Kamuntu utilise sa voix pour inspirer bien des jeunes, et porter un message poignant à travers cet art oratoire encore peu développé en RDC.
BOSEMBO, LE RAPPORT MAPPING.
L’ARTISTE, GRIOT DU TEMPS MODERNE.
Les histoires, les comptes et les chansons. Eux qui existent pour préserver une mémoire afin qu’elle soit racontée par une catégorie des personnes qui appartiennent et s’identifient à cette communauté. Des personnes qui, par leur narratif, racontent les souvenir, les tristesses, les joies, les inquiétudes, les doutes… Sans filtres, sans complexe, sans influence ni peur d’être jugé.
Toutes ces vérités sont dans le vécu de la communauté. L’artiste comme griot, a le devoir de comprendre et de mettre sous projecteur toutes les blessures et cicatrices que cachent les murs de nos tristesses et nos joies. Pour parvenir à la réparation, il est primordial de comprendre la cause, l’origine de nos maux pour résoudre l’effet.
Chaque communauté détient l’histoire brute qui se doit d’être documentée et perpétuée. Elle doit être traduite, transcrite, archivée et dispensée fidèlement par le griot pour préserver la mémoire collective. Le griot du temps moderne, miroir de la communauté, a le pouvoir de changer le cours du futur en mettant la lumière sur les douleurs fantômes. Car tant que rien n’est pardonné, rien n’est résolu. Comme le dit Baloji.
Le script de Bosembo, a pris le contrôle pour montrer comment on exprime, on extériorise la souffrance ou l’espoir au travers de l’image. Dans le clip on parle des morts, des gens qui ont étés tués pendant plusieurs années. Des esprits qui errent par manque de repos et qui réclament justice.
Le clip explique comment on se représenterait dans cette démarche, mais aussi comment parvenir à montrer cette résilience, la force de se mettre debout, de repenser à son histoire et se dire “ plus jamais ‘’. Mais pour que cela arrive, il faudrait comprendre l’histoire, la vraie. Ce n’est ni aux puissances étrangères, ni aux pays africains, ni aux présidents les plus crédibles de définir et de valider cette vérité. Mais aux communautés qui l’ont vécu.
Le narratif est le plus grand pouvoir que puisse clamer la culture pour la justice et la réparation. Pour la paix intérieure, la paix sur nos sols, la paix sur les sols de nos voisins. Bosembo !